L’entreprise Joskin est une véritable succes story belge. L’entreprise, siégeant à Soumagne, fut fondée par Victor Joskin en 1968. Très vite, il sera rejoint par son épouse Marie-José. Les trois enfants du couple rejoignent la direction de l’entreprise à présence internationale pendant les années 90. Non pas une seule, mais trois femmes fortes se trouvent désormais à la tête de l’entreprise. Hectares a pu parler avec Murielle Joskin.
Parlez-nous de votre histoire. Avez-vous grandi dans le secteur agricole ?
Nous sommes trois enfants et je suis la plus jeune de la famille. Nous avons vécu toute notre enfance sur le lieu même de la société. Nous habitions en effet directement sur place. Nos grands parents étaient également agriculteurs. L’univers agricole nous colle donc à la peau depuis notre plus jeune âge.
Personnellement, depuis toute petite, j’ai toujours été très intéressée par l’activité professionnelle de mes parents. Je les accompagnais sur les foires agricoles, je suivais beaucoup mon grand-père qui prêtait mains fortes dans les travaux extérieurs de la société, j’observais beaucoup ce qu’il se passait à gauche et à droite et surtout, je prenais beaucoup de plaisir à connaître le personnel (qui est qui, qui fait quoi…). C’était une réelle chance de vivre sa jeunesse dans une milieu professionnel quotidien, cela m’a permis de faire face très jeune à la réalité du terrain professionnel des adultes. On peut donc dire que j’ai grandi dans un milieu agricole, mais surtout professionnel.
Avez-vous suivi des études agricoles ?
Quant à notre orientation scolaire, rien ne nous prédestinait à avoir notre place dans l’entreprise de nos parents . Il faut dire qu’au moment du choix de nos études, l’entreprise n’avait pas l’envergure qu’elle a aujourd’hui. Nous étions totalement libres de nos choix et surtout, de faire ce que nous aimions !
Mes attirances personnelles ont toujours été tournées vers le social et le médical. Je me suis donc très naturellement dirigée vers la kinésithérapie. Il s’agit d’un choix qui m’a réellement épanouie et que je ne regretterai jamais ! Ces études m’ont énormément appris sur le plan relationne.
Comment êtes-vous arrivée dans l’entreprise familiale ?
Après une année en tant qu’indépendante en kinésithérapie, j’ai mis un pied dans l’entreprise pour aider à organiser les festivités des 30 ans d’activité de la société Joskin. Étant attirée par l’événementiel, mon cœur m’a ensuite petit à petit conduite à m’investir à temps plein dans l’activité devenant familiale (mon frère et ma sœur l’ont également intégrée au cours de la même période).
Depuis combien de temps y êtes-vous active ?
Depuis toujours ! (rires)
Non, officiellement, depuis 22 ans maintenant.
Quel est votre rôle au sein de Joskin ?
Je m’occupe de la partie « Ressources Humaines et Événementiel ».
Quel fut, à vos yeux, un moment mémorable de votre carrière ?
Organiser et vivre les 50 ans d’existence de la société Joskin créée par mes parents ! Vivre cet événement entourée de nos partenaires venus du monde entier, revoir le parcours de mes parents et surtout, pouvoir voir mes parents y assister restera à jamais un souvenir gravé dans ma mémoire !
Quel fut un moment difficile que vous avez vécue ?
Probablement un événement récent, quand le Covid nous a pris de court mi-mars 2020. Entre l’annulation de tous les évènements agricoles, la mise en place du télétravail, l’obligation de travailler à sites fermés, sans compter l’énorme incertitude quant à la poursuite de notre production si nos fournisseurs étaient amenés à stopper leur activité… Autant dire que les défis et stress rencontrés furent nombreux. Bien que, jusqu’à maintenant, nous nous en sortions bien, cela aura toutefois nécessité un travail d’adaptation conséquent pour conserver une certaine proximité avec notre public malgré les restrictions sanitaires. De nombreux outils ont ainsi été mis en place, notamment sur le plan digital, avec la création d’un nouveau site web, d’un système de téléconférence, d’un showroom virtuel, d’une visite digitale de nos usines et j’en passe. Dans pareil contexte, mes pensées se tournent cependant vers les commerces qui n’ont pas pu bénéficier de cette possibilité de poursuivre leur activité normalement…
Est-il difficile d’occuper votre fonction, que l’on associe plutôt aux hommes, dans ce secteur ?
Je n’estime pas avoir une fonction plus destinée à un homme ou une femme. Je suis convaincue que peu importe le métier, c’est la motivation, la persévérance et la détermination qui permettent d’accomplir son travail au mieux. Et travailler avec des hommes ne m’a jamais dérangée non plus !
Y’a-t-il encore des différences entre la façon dont on traite les femmes et les hommes dans le secteur, selon vous ?
Dans l’agricole, comme dans tous secteurs techniques, il y a toujours des tâches plus rudes, plus ardues,… mais par la ténacité, la motivation et la passion, les femmes sont capables de se démarquer et d’en faire tout autant qu’un homme. Au sein du Groupe Joskin, ce sont ces qualités qui importent. Nous constatons d’ailleurs que la gente féminine est de plus en plus représentée dans nos différents services. Cela n’a jamais posé le moindre problème, bien au contraire !
Quels conseils voudriez-vous donner aux jeunes femmes rêvant d’études et d’une carrière dans le secteur ?
Surtout faites le choix de vos études suivant ce que vous aimez et pas suivant les opportunités professionnelles. On est bien dans notre travail que si on aime ce que l’on fait ! Et si le secteur agricole vous passionne, foncez, c’est un secteur qui ne disparaîtra jamais !
Texte : Kim Schoukens – Images : Antoon Vanderstraeten
Cet article est paru dans Hectares Magazine #2021-001. Cliquez ici pour lire le magazine.
