Femme dans l’agriculture: Veerle Thienpondt

Le tractorpulling est un passe-temps populaire dans notre secteur. Les grosses machines, les moteurs rugissants et l’atmosphère générale d’un tractorpulling sont incomparables. On pourrait penser que ce sport, qui demande une bonne dose de courage, est réservé aux hommes. Mais ce serait terriblement sous-estimer les femmes de notre secteur. Veerle Thienpondt, ancienne championne de Belgique de tractorpulling dans la classe 3,5 tonnes standard, en est la preuve !

Veerle, parle-nous de ton parcours.
On peut dire que j’ai grandi dans le secteur agricole : mes deux grands-parents étaient agriculteurs et mes parents ont une entreprise spécialisée dans la vente, la réparation et la location de machines agricoles et horticoles. Petite fille, j’étais entourée de vaches et de machines.

En ce qui concerne mes études, j’ai fait des études de prise en charge de jeunes et personnes handicapées en secondaire. L’enseignement supérieur n’était pas pour moi. Aussi, j’ai tout de suite commencé à travailler dans une crèche via une agence d’intérim après mes secondaires. Il n’était toutefois pas possible de travailler suffisamment de jours de cette façon. Et il s’avérait que ma mère avait justement besoin d’un coup de main pour les tâches administratives de l’entreprise.  J’ai voulu essayer et j’en suis heureuse, car je ne voudrais plus travailler ailleurs !

Que fais-tu exactement ? Décris-nous ton travail.
Comme mentionné, je travaille pour mes parents, dans l’entreprise Peter-Bilt bv qui vend, répare et loue des machines agricoles et horticoles. Je suis principalement responsable de la branche location de l’entreprise. Mes tâches comprennent : la planification des réservations, la préparation des machines et le graissage, le contrôle et le transport de ces machines. J’ai un permis C, donc je suis régulièrement sur la route avec le camion.

J’aide également à l’entrepôt, où je vérifie toutes les commandes entrantes et m’assure qu’elles sont placées au bon endroit. Mais je suis également flexible et j’interviens où nécessaire pendant les périodes de pointe, qu’il s’agisse d’administration, d’aide dans l’atelier ou de marketing.

Depuis quand pratiques-tu le tractorpulling et comment as-tu commencé ?
J’ai découvert le tractorpulling via mon père. Quand j’étais petite, il allait parfois voir des compétitions, et je l’accompagnais. Bien que j’aimais bien regarder quelques tracteurs, cela durait un peu trop longtemps pour moi à l’époque. Cela a changé lorsque, à 14 ans, on m’a offert une chance de participer. C’était exceptionnel car l’âge officiel pour commencer est 16 ans. C’était avec un Deutz Fahr Agrotron 180.6. Depuis, j’étais mordue et voulais participer chaque weekend !

D’où l’idée de faire du tractorpulling ?
Comme je l’ai déjà dit, j’ai grandi entre les vaches et les machines. Je voulais, et je veux toujours, être capable de conduire n’importe quelle machine, quelle que soit sa taille. Aussi, lorsque j’ai eu l’occasion de participer à un tractorpulling, je l’ai saisie immédiatement, avec l’aide de mon père. Le fait qu’il n’y avait pas beaucoup de filles à l’époque était encore plus amusant pour moi !

Décris-nous un moment mémorable de ta carrière.
Dans le tractorpulling, c’est le moment où je suis devenue championne de Belgique dans ma catégorie: 3.5 tonnes en standard. C’était en 2011. La cérémonie a eu lieu lors d’un rassemblement de la BKTV (association de tracteurs à grande puissance, red.)  et me voilà, la seule fille et devant neuf hommes.

Ce qui restera toujours un beau moment pour moi dans ma carrière professionnelle est le jour où mes parents m’ont demandé de venir travailler pour eux. Ils m’ont posé la question alors que nous étions au restaurant. Je ne m’attendais vraiment pas à ça.

Y’a-t-il un moment difficile dont tu veux nous parler ? Comment as-tu fait face à cette situation ?
Si je dois citer un moment difficile, je pense immédiatement à la fois où mon Deutz 13006 s’est cabré pour la première fois. J’étais tellement surprise que j’ai immédiatement appuyé sur mon embrayage et mon frein, arrêtant mon tracteur. Mon père était en colère à l’époque parce que c’était la mauvaise réaction. Il m’a lancé « si tu t’arrêtes parce que tes roues remontent, tu ferais mieux d’arrêter de participer. » Je suis quelqu’un qui ne supporte pas de telles réactions et me replie sur moi-même dans des moments pareils. Mais à un moment donné, j’ai décidé d’essayer à nouveau, et c’est ainsi que j’ai surmonté ma peur. Je ne m’arrêterais plus jamais si mon tracteur se cabre, même si c’est haut ! »

Le tractorpulling est-il toujours un sport réservé aux hommes, selon toi ? Est-ce que tu remarques une différence dans la manière dont on te traite en tant que femme ?
Effectivement, même si de plus en plus de femmes participent, je trouve que cela demeure un sport « d’hommes ». Quant à la façon dont les femmes y sont traitées… Difficile à dire. Personnellement, je trouve que nous sommes traitées de façon égale aux hommes. En tant que conducteurs, nous devons nous-mêmes mettre le tracteur devant la dépanneuse (sleepwagen), et que vous soyez un homme ou une femme ne fait aucune différence. D’un autre côté, j’ai remarqué que la plupart des tractorpullings ont une ou deux catégories féminines, où seules les femmes sont autorisées à concourir et je comprends pourquoi cela peut avoir un bon effet : cela sert à rendre le sport plus accessible et attirer plus de femmes. Cependant, je ne suis pas vraiment fan de catégories à part pour les femmes. Nous les femmes pouvons parfaitement battre les hommes dans une même classe, pas besoin de nous mettre à part ! Je voudrais juste préciser que les classes séparées pour les femmes ne sont pas obligatoires : nous pouvons concourir dans toutes les classes, et si nous voulons rouler contre les hommes, nous le pouvons.

Qu’est-ce qu’il faudrait pour améliorer la position de la femme dans l’agriculture, à ton avis ? Comment vois-tu le rôle de la femme dans le secteur ?
Je pense qu’en agriculture, on pense encore trop aux clichés : les hommes font le gros travail dans les champs, et la femme s’occupe du ménage. Mais ce n’est plus le cas depuis longtemps : les femmes font le même travail que les hommes, et je pense que cela est largement sous-estimé. Alors, consacrons un peu plus d’attention aux femmes de notre secteur, et je veux dire les vraies femmes du secteur. Ne le faites pas en mettant une actrice sur un tracteur ou dans une étable, mais venez simplement nous voir au travail et accentuez cela.

Quelles sont tes ambitions ?
En voilà une bonne question ! Je suis déjà très heureuse d’avoir toutes ces possibilités : j’ai déjà un permis de conduire C et donc un camion et un tracteur permanents que je peux conduire. Je vais peut-être essayer d’obtenir mon CE après tout. J’ai trop de stress quand l’examinateur est là, ce qui me fait bloquer, mais j’aimerais y arriver.

Quels conseils voudrais-tu donner aux jeunes filles et femmes voulant s’essayer au tractorpulling ?
Si c’est quelque chose que vous voulez faire, alors essayez et ne vous en faites pas de ce que les autres en pensent.
N’ayez pas non plus peur de poser des questions. Commencez par les classes standard, puis vous pourrez toujours évoluer vers des classes plus difficiles. Et peut-être aussi un avertissement : une fois que vous aurez commencé, vous ne pourrez plus vous arrêter !

Entre la publication de notre magazine et maintenant, Veerle s’est lancée dans une nouvelle aventure ! Notre femme en agriculture est en compétition pour la couronne de Miss Waasland. En tant que finaliste du concours, elle fait déjà partie des 8 plus belles jeunes femmes du Waasland. Vous pouvez suivre et soutenir Veerle sur sa page Facebook.

 

Previous post Vidéo : Krone BigX 1180 dans la boue
Next post Vidéo : 3 presses à balles New Holland ensemble en action

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *